28 oct. 2025

Game dev #9: pot pourri des premiers pas

 

 

Vous ne rêvez pas, on a perdu deux pourcents par rapport à la dernière fois. Mais on a bien développé de nouvelles fonctionnalités ! Je cherche encore à savoir quel alcool j'avais bu en faisant le compte de la progression en juin dernier.

 

Salutations, voyageur ! Nous fêtons en ce beau début d'automne la clôture du neuvième bloc de développement de Lampyre (merci de faire résonner votre meilleur PWWIIIIIIInnnn de souffleur de fête à l'intérieur de votre esprit).

Ce segment avait pour objectif de cimenter les mécaniques liées aux premières minutes du jeu. Je dois dire que c'est un objectif rempli de façon nuancée.

D'un côté, nous avons effectivement peaufiné la lisibilité et le fonctionnement des premières actions (découvrir l'autel et le déblayer, débloquer ses premiers menus, trouver sa première torche). De l'autre, je ne suis pas allée jusqu'à l’implémentation des prémices de l'expérience ou de l'amélioration de bâtiments, qui ne sont pas encore assez prioritaires dans notre boucle de jeu de base.

Mais au final, j'ai développé davantage de fonctionnalités qu'attendu, et j'ai refactorisé des points épineux de mon code qui faciliteront grandement la suite du développement.

Et puis, accessoirement, on est toujours là à vaillamment coder le jeu de nos rêves, et GODOT devient de plus en plus fabuleux à chaque mise à jour. Ce sont deux sacrés victoires à perpétuellement célébrer.

 

 La note de patch

1)  Et le linceul s'abattit sur Nestevar... Le voile d'ombre corrupteur qui entoure votre enclave et les contours de la carte n'est plus un vieux carré rectiligne tout moche, mais un cercle organique (encore un peu tout moche, mais les shaders viendront). Il est capable de s'étendre et de se rétracter au fil des tempêtes et d'envahir des zones ponctuelles. Ses formes de collision sont aussi dynamiques que son visuel et une brume qui envahit vos pieds commencera immédiatement à vous corrompre, et à interrompre la croissance des plantes.

2) Vos ennemis ont un nid douillet: pour gagner une partie, ce ne sont plus des autels de corruption mais des nichoirs d'ombre qu'il vous faudra détruire. Et bonne nouvelle: ils sont fonctionnels !

Chaque nichoir absorbe le sang ombreux ambiant qui afflue sur la carte. Il va incuber des ombrelgins et des chimères qui sortiront de leur cocon à intervalles réguliers pour errer dans la nature, et attaquer votre enclave à la nuit tombée.

À l'occasion des tempêtes d'ombres, l'afflux de sang sera tel qu'un grand nombre de créatures ombreuses afflueront le soir de l'orage, prêtes à déferler sur vos défenses. Pendant ces tempêtes peuvent se former des flèches d'ombres - une version miniature et éphémère des couvoirs qui grossira pendant plusieurs jours avant de libérer une puissante chimère - à moins que vous ne la brisiez avant...

Si vos ressources le permettent, attaquer un nichoir après un assaut d'ombre semblera être une bonne stratégie puisque ses réserves en défenseurs seront épuisées. Détruire un nichoir résorbe le linceul qui s'étend autour de lui, mais renforcera les autres restants sur la carte pour pimenter votre progression. Une fois le dernier bastion détruit, la partie est remportée !

3) Époustouflant d'originalité ton nom de monstre: les chimères sont implémentées dans leur forme la plus simple. Ces ombres supérieures sont moins nombreuses que les ombrelgins mais bien plus dangereuses. Il en existe cinq sous-types qui corseront vos combats de façon différente, chacun avec ses forces et ses faiblesses. 

Mais surtout, les chimères ont des traits plus variables que les ombrelgins. Elles peuvent différer en taille et en dangerosité. Elles pourront recevoir des affixes spécifiques de leur couvoir ou de leur flèche. Bref, il faudra vous adapter en prévision de vos assauts et partir en éclaireur pour voir à quel genre d'ennemis vous allez avoir droit.

4) Le fameux grand nettoyage d'été: les codes de génération de carte, l'équipement des armes par les vyrrlins ainsi que toute la gestion des commandes contextuelles du joueur ont été relocalisées et/ou refactorisées dans un code dédié, pour faciliter leur fonctionnement et leur évolution future. On a aussi optimisé des comportements de navigation et de réaction à la lumière de la part des créatures.

5) Les traces de vos crimes: pour une raison obscure, il m'a soudain paru inacceptable que les corps des créatures disparaissent comme dans un dessin animé lorsqu'elles mouraient. On a donc désormais des cadavres fonctionnels dans Lampyre (...youhou ??). 

Lorsqu'un être vivant meurt, son corps inanimé restera en place pendant une certaine période. Vous pourrez récupérer son inventaire et son équipement s'il en avait un (non, vous ne trouverez pas d'épées dans le ventre des loups, on est pas dans MMORPG ici) et surtout "récolter" sa carcasse. Ce qui est pertinent lorsqu'il s'agit d'un gibier, ou d'un prédateur consommant sa proie. Moins quand c'est votre voisin qui est mort de vieillesse.

Selon la force d'une créature, elle pourra porter ou trainer une carcasse derrière elle. Ce qui signifie que vous pouvez jeter un corps dans le feu de l'autel pour le détruire. Pas spécialement une bonne idée non plus en ce qui concerne vos villageois, mais hé, je donne les options - vous écrivez l'histoire. 

6) Le game design pour les nuls: comme prévu, nous avons mis quelques éléments en place pour accueillir n'importe quel joueur en début de partie.

Après une très courte scène où votre personnage errant tombe sur un bulbe de liandre et le consomme pour se purifier, vous pourrez partir dans la verte, mais votre attention sera probablement attirée par l'arbre-liandre (oh, ça brille) et surtout par son autel délabré et sa flamme qui suffoque sous des débris (oh, ça brille encore plus !!). Après quelques secondes d'efforts pour en déblayer les ruines, le cœur de votre enclave et sa flamme éternelle sont vôtres. Les menus de construction et la vue générale commencent à se débloquer avec quelques patrons de structure seulement.

Votre première interaction avec des végétaux vous offrira le mode botaniste. Et plus tard, gagner votre premier allié débloquera le reste des fonctionnalités pour une introduction toute en douceur aux quelques menus de gestion.

Autre ajout d'intuitivité: il y a maintenant une ancienne ceinture de lanternes qui tient à peu près debout autour des ruines de cet autel. Les premiers ombrelgins de l'introduction vous font immédiatement comprendre que les ombres sont repoussées par la lumière: alors quoi de mieux qu'un mur de feu pour les éloigner la nuit ? Ce sera un rituel très important dans Lampyre, que vous pouvez commencer dès le début avec une vieille torche que vous retrouvez en déblayant votre autel. 

Reste à rendre l'allumage et l'approvisionnement de ces lanternes fluide et satisfaisant - ne vous inquiétez pas, j'ai tout plein d'astuces en stock à coder pour cela. Laisser la veilleuse allumée sera quelque chose de plaisant (et nécessaire si vous ne voulez pas être réveillé toutes les nuits). 

7) Progression douce des savoirs: pour ne pas noyer le joueur sous 50 plans de bâtiments lorsqu'il va déverrouiller son menu, les recettes sont divisées en trois tiers qui resteront anonymisés jusqu'à ce que vous ayez mis la main sur leur base constituante. 

Le premier tier contient quelques recettes vitales, disponibles dès le début (première lanternes, un lit tout claqué, un établi à bois...). Dès vos première bûches d'arbres ou blocs de pierre raffinés, vous débloquerez le tier suivant, puis le dernier lors de l'acquisition plus tardive de métal ou de céramique.

Le menu de construction ne vous cache rien et même si les recettes sont obscurcies, vous savez exactement combien il vous en reste à débloquer. Lampyre a beau avoir un petit côté roguelite, les bâtiments n'ont aucun aspect procédural (pas dans leur construction en tout cas).

Les variations dans votre jeu concerneront bien plus l'amélioration de ces structures et dans quelle mesure vous les mettez à disposition de vos villageois. Et nul besoin d'un système de révélation complexe pour cela (oui oui, je me justifie de faire quelque chose de simple, laissez-moi débattre avec les voix dans ma tête).

8) Mon amie la torche: la port de torche a lui aussi subit une petite refonte. Originellement considérée comme une arme en part entière, j'ai décidé que son port était trop important pour chaque vyrrlin sans qu'ils ne doivent sacrifier un emplacement d'arme. 

C'est donc maintenant un outil au même titre que la serre-faux. Lorsqu'elle est allumée, vous pouvez choisir de la mettre de côté en combat (ce qui l'obscurcit et enlève ses propriétés repoussantes, mais elle reste allumée et prête à être dégainée à nouveau), ou de la brandir avec une arme à une main par exemple. 

Vous pourrez faire le même choix pour les membres de vos escouades d'un simple bouton à activer, pour vous assurer que l'un d'entre eux est toujours une source de lumière dans la nuit.

9) OMG LE STUFF: début d'implémentation des équipements aux vyrrlins. En plus des armes, les outils (serre-faux et torche) ainsi que les armures seront capitaux pour la protection de vos villageois et votre capacité à aller détruire les couvoirs. 

Vous pouvez maintenant donc ramasser, et équiper ces éléments depuis un inventaire avec un double-clic. Oui c'est la base. Mais la base, dans GODOT, il faut la coder. Avec beaucoup d'amour.

Cela vous permet aussi de consommer les délicieux morceaux de liandre cru depuis votre sac.  

 

Le commentaire du développeur en bois

Comme précisé plus haut, ce bloc était à la fois vraiment très concret mais aussi un peu déroutant.

Concret, car en améliorant les interactions contextuelles rendues disponibles au joueur, et les premiers instants passés dans une partie de Lampyre, on fait vraiment un pas de géant vers un jeu. La preuve en est qu'en commençant à déblayer l'autel, aller voir ses menus et aller allumer les torches proches au milieu des ormes et des buissons, je commence vraiment à voir se jouer Lampyre tel que je l'imagine. Et avec l'utilisation des objets du sac ou l'équipement d'outils, c'est encore mieux.

Déroutant, car vu qu'on est absolument dans la bonne voie, cela me fait aussi réaliser à quel point il est temps qu'on itère sur la forme la plus simple de la boucle de gameplay.

Depuis plus d'un an, on a mis en place les bases avec la carte, les végétaux, les déplacements, un combat rudimentaire. Ces pièces sont parfaitement nécessaires et leur état actuel me convient entièrement. Mais elles ne sont pas encore assez basales. On n'a pas encore devant les yeux la série d'action que vous allez répéter et qui fait le cœur du jeu - comme:

  • prendre une quête et la valider contre une récompense et de l'expérience dans World of Warcraft. 
  • vous réveiller chaque matin et dépenser votre énergie pour produire des denrées et aller parler aux villageois dans Stardew Valley
  • observer le déroulé d'un combat dans Pokémon qui rendra vos bestioles plus fortes pour la suivante.
  • nettoyer les traces de crimes d'une scène pour remplir une jauge de complétion jusqu'à 100% dans Crime Scene Cleaner
  • passer les articles d'un client à la caisse et restocker les rayons avec une boite de marchandises dans Tabletop games shop simulator.

Bon, on a techniquement notre écran de victoire. Mais avant d'avoir tabassé les trois couvoirs de la carte, vous allez devoir faire l'évident pendant un petit moment: survivre. 

Et il faut que ça passe par une boucle de jeu extrêmement claire à sa base (alors, elle est très claire dans ma tête, mais vous savez ce que c'est la différence entre les projections mentales et un plan papier expliqué aux autres).

C'est par exemple pour cette raison que même si j'ai effectué tout le travail théorique sur les bâtiments à débloquer, leurs recettes ou les compétences de combat, je n'ai pas débuté l'implémentation du système d'expérience. C'est encore un poil précipité.

 

La suite

Déterminer les objectifs du segment suivant a donc été un choix délicat. J'ai un instant fait abstraction de toutes les fonctionnalités que je voulais développer, et je me suis dit: 

"Si je voulais montrer le principe de Lampyre en dix minutes à quelqu'un, qu'est-ce qu'il doit se passer à l'écran ?"

 

Oui. Dans dix minutes de LAMPyre, il va y avoir des lampes. Ça, c'est garanti.

Ma première réaction à cette question, c'est de naïvement lister 90% des fonctionnalités du jeu final (aller, je laisse la teinture des vêtements sur le côté pour le POC, c'est cadeau). Mais heureusement, après intense réflexion (et par intense, j'entends fixer un mur blanc pendant une demi-heure jusqu'à ce que les mots me viennent), j'ai réussi à identifier les boucles les plus basiques et les plus critiques du jeu.

Voici les trois axes qui doivent encore être rendus disponibles et intuitifs pour justifier d'une expérience minimale:

Boucle personnelle basique

  • Effets de base de manque de sommeil et de faim
  • Régénération automatique des PV si état non critique
  • Sommeil sur couche simple et passage accéléré du temps pendant le sommeil
  • Feu de camp / foyer simple T0 et consommation directe des ingrédients naturels
  • Ajustements pour la base du cycle jour/nuit (la nuit va tomber, les ombres se rapprochent de l'enclave et peuvent être repoussées avec les lanternes)
    • Rapprochement plus automatique des ombres vers l'enclave pendant de la nuit
    • Passage du temps x5 pour les créatures et les arbres (quatre saisons = cinq années de croissance)
    • Visualisation claire de l'horaire de la journée pour mieux prévoir et ritualiser l'allumage des torches (aube / journée / crépuscule / nuit)

Boucle de fabrication

  • Atelier commun simple avec la racine de fabrication pour tous les établis futurs (utilisable par les villageois)
  • Interface ou système d'équipement d'autrui (écran personnel de chaque vyrrlin)
  • Stockage organique des matériaux à disposition des établis concernés 

Boucle de purification

  • Apparition d'errants uniques (nom / genre / âge)
  • Convertir un errant en villageois 
  • Satisfaire les deux besoins basiques d'un villageois (faim et sommeil)
    • Affichage et alerte des états (écran personnel)
    • Pouvoir leur demander d'assimiler du liandre pour se purifier
    • Trop de corruption = retour au stade d'errant
  • Emploi du temps basique
    • Allumage de torches au crépuscule
    • Fabrication cuisine
    • Fabrication à l'atelier unique
    • Récolte
  • Peut nous accompagner au combat (déjà partiellement implémenté)
    • Par ordre direct (déjà implémenté)
    • Désignation basique des escouades  

 

"Tu viens de lister plus de six mois de développement espèce d'escroc ! Et je croyais qu'on allait avoir droit à l'artisanat détaillé ! Remboursééééééés §§"

Je préfère me concentrer sur ces systèmes qui doivent être soigneusement établis avant de me projeter sur leur étoffement. Le cœur de Lampyre reste la gestion de vos villageois et nous n'avons que trop retardé la programmation de leur apparition et de leur comportement de base.

Il y a aura le temps pour les systèmes de confort, les compétences, les routines, les chaînes de fabrication et les relations sociales. Mais en attendant, offrir une paillasse et des fruits rôtis à vos semblables, c'est un excellent départ et ce sera la base inévitable pour tout le reste.

Parce que je me connais et je sais que je suis un peu débile ambitieuse, je préfère planifier trois segments successifs plutôt qu'un mastodonte interminable. Cela nous donnera trois occasions de faire la fête (et trois occasions de mettre à jour les objectifs si des inspirations me viennent en codant).

Nous commencerons donc tranquillement par la boucle personnelle, qui ne m'effraie pas trop. Viendront ensuite les rudiments de la boucle de fabrication (chiche en postulats mais potentiellement chronophage en raison de l'UI). Puis nous mordrons dans le cuissot du plat principal, les errants et les villageois (on va sauver notre première waifu, behold). 

 

Les visuels du schnaps 

Et voici la traditionnelle compilation des GIF de développement, que vous pouvez retrouver postés sur twitter par votre serviteur. 

 

Le shader qui me permet d'afficher le linceul entourant la carte de jeu. À lui s'ajoutent des zones circulaires ponctuelles pour ajouter les périmètres de corruption autour des nichoirs d'ombre.


Les mouvements dynamiques du linceul sur la carte (mesh ET zone de collision). Les plantes débarrassées de son influence peuvent reprendre une croissance normale. Le linceul va naturellement s'étendre lors des tempêtes d'ombre, et se rétracter si les couvoirs sont détruits. Découvrant davantage de surface (et de ressources) sur la carte.


Un petit aperçu de l'activité autour des nichoirs, en accéléré. Les ombres ne peuvent pas quitter la pénombre du linceul en journée, et de toute façon, certaines de ces créatures resteront autour de leur nid pour la garder en toute heure.


Croissance des poches d'incubation contenant les ombrelgins et les chimères dans les couvoirs d'ombre. Le nichoir (qui est grossièrement un trou géant creusé dans la terre) absorbe le sang ombreux du sol pour faire naître vos ennemis.


Des flèches d'ombre ! Elles n'apparaissent généralement que lors des tempêtes. Des ombrelgins et une chimère grandissent à l'intérieur. Si elle n'est pas brisée dans les quelques jours d'incubation, vous pouvez vous retrouver avec un assaut plutôt dangereux à votre porte.


Quand j'ai codé les carcasses de créatures, j'ai tenté de mettre un peu d'interaction physique au passage de votre avatar. J'ai eu du mal à doser.


Fonctionnalité non prévue, mais implémentée avec succès: les créatures qui meurent laissent une carcasse qui finit par expirer. Vous pouvez les fouiller, les récolter, les porter ou les trainer selon votre force et le poids du corps.

 

Petite amélioration de la lisibilité de l'UI personnelle, avec l'ajout des barres de faim, sommeil et de l’icône de torche lorsqu'elle est équipée. Elle vous indique combien de combustible il reste dessus, et si vous la rangez automatiquement ou non en combat.


Déblaiement des débris de l'autel pour restaurer sa flamme, et débloquer ses premiers menus (construction, vue générale, déités). J'ai aussi implémenté des alertes générales rudimentaires (le message plein écran) et la sauvegarde de la progression de certaines interactions contextuelles (AKA si vous arrêtez de déblayer l'autel, vous ne reprendrez pas à zéro la fois suivante).


Déblocage des plans de construction à la récupération de matériaux inconnus. Il n'y a que trois tiers de découverte, donc un débloqué par défaut. Cela permettra de montrer au joueur qu'il reste des structures à débloquer, sans le perdre en début de partie.

 

J'ai amélioré l'écran de construction en séparant directement les structures selon leurs catégories (dans le GIF juste au dessus, vous pouvez voir qu'on utilisait des filtres optionnels).

 

Premier déblaiement de l'autel et comportement de la torche en combat. Avec un arc à deux mains, forcer le port de la torche avec X impose à mon personnage de la laisser brandie devant lui alors qu'un ennemi est proche. Sinon, elle est momentanément rangée à sa taille pour le laisser attaquer.

 

Le GIF final du segment, avec un aperçu de la ceinture initiale de lanternes en ruine ; leur jauge de combustible, leur réparation. Ainsi que l'utilisation d'objets dans l'inventaire (consommation de liandre, remplacement d'une torche équipée).

 

À très vite pour la suite du développement ! 

22 oct. 2025

Le bullet journal: la méthode simple pour reprendre du contrôle au quotidien ?

Introduction

Depuis que j'ai une vingtaine d'années, j'ai toujours été intéressée par les systèmes d'organisation personnels. Ces processus mentaux faits de carnets, de bloc-notes papier ou numériques - ces tableaux infinis de priorités et d'actionnables qui vous sont proposés à coup de modèles Notion remplis de délicieuses fausses promesses (OMG, c'est sûr, me lever à 5h du matin et remplir mon suivi de consommation d'eau va changer ma vie pour le meilleur !! Pour être productif il suffit de ne pas procrastiner !! FACILE EN FAIT §§§§).

Et pourtant, je n'ai jamais essayé que très peu d'outils pour organiser mon quotidien. En réalité, deux: le bon vieux journal sur papier, et utiliser Notepad++ comme liste de priorité (je pense qu'on peut parler d'une utilisation sans précédent de toute la puissance technologique humaine).

Aucun des deux n'a jamais tenu dans le temps.

Dépoussiérer son journal intime ou noter ses tâches en cours est toujours un moment inspirant et rempli d'espoir. On fait table rase mentale, on se remet ses objectifs en tête pour tenter d'améliorer son quotidien et se débarrasser de nos mauvaises habitudes. On maintient le système quelques jours, quelques semaines tout au plus, et puis il se fige dans une gelée un peu honteuse sur laquelle on ne revient plus par manque de motivation (et de résultats).

On peut vivre sans. Il y a même des gens heureux et qui sont, selon tous les critères raisonnables, productifs, sans avoir besoin d'un "second cerveau" pour naviguer dans la vie. La plupart d'entre nous opérons de cette façon car nous ne connaissons pas mieux, ou bien car nous n'avons simplement pas le luxe de nous y attarder. Mais plus j'utilise mon journal, plus je me dis que n'importe qui bénéficierait d'un support extérieur pour retenir tout ce foutoir que nous devons porter sur nos épaules pour simplement rester fonctionnel dans la vie.

S'il n'y a qu'une seule idée brillante qui doit être retenue de l'ouvrage de David Allen (Getting things done, ou GTD), c'est que votre esprit est fait pour avoir des idées et créer des connexions entre elles - pas pour retenir que le technicien Linky doit passer dans dix jours, ou pour ne pas oublier la superbe idée de simulateur de gaufrier que vous avez eu il y a quelques minutes et qui a déjà disparu dans le néant (au lieu de vous rendre riche, vendu comme des petits pains sur Steam).

Si vous vous sentez dépassé par la foultitude de tâches à traquer au quotidien. Si vous avez l'impression que toutes vos bonnes idées tombent perpétuellement dans l'oubli sans jamais vous profiter. Si les journées s'enchaînent sans que vous ne parveniez à trouver le temps ou la motivation de réaliser les projets qui vous plaisent. BIENVENUE. Prenez un tabouret (ce n'est pas un club très sympathique, on a aucun fauteuil).


La bonne nouvelle, c'est qu'il y a toutes les chances que vous ne soyez ni feignant, ni nul, ni lamentable, ni incapable - mais que vous manquiez simplement des bons outils et de l'environnement qui en résulte.

 

Personne n'a besoin de volonté pour faire quelque chose qu'ils voulait de toute façon faire. Chaque tâche qui est intéressante, pleine de sens et bien définie sera accomplie, parce qu'il n'y a alors aucun conflit entre les intérêts à long terme et ceux à court terme.
- Sönke Ahrens, How to take smart notes


C'est sans plus attendre que je vous introduis (ce n'est pas sale) à une méthode d'organisation que j'ai découvert par hasard depuis une année et que j'utilise sans faillir depuis. Elle a transformé mon suivi de tâches en un rituel tranquille, et amélioré mon quotidien en tous points: le Bullet Journal.

 

Le principe

"Woah, quel nom absolument naze." vous direz vous peut-être immédiatement. "Je suis bien d'accord, ressers moi un coup stp." vous répondrais-je alors nonchalamment. 

Fort heureusement, tout comme un prénom pourri ne fait pas obstacle à un charisme époustouflant, on pardonnera bien vite cet affront à Monsieur Carroll Ryder qui a popularisé cette méthode d'organisation au travers de son site bulletjournal.com et de son livre The Bullet Journal Method, publié en 2018 (j'aime beaucoup l'expression "a simple life OS" de son site, qui peut littéralement se traduire par "un système d'exploitation de vie simple" comme si vous étiez un vieux PC qui a besoin d'un Windows XP robuste pour déverrouiller son potentiel).

J'ai huit années de retard, mais pas d'inquiétude. Si je dois dire quelque chose à propos du nom de la méthode, c'est de ne pas vous laisser berner par le terme journaling. Cette expression peut être trompeuse car elle évoque immédiatement votre petite cousine qui remplit son journal à fleurs, ou un vieux poète victorien qui écrit ses mémoires au travers des quatre-cent pages d'un livre relié en vieux cuir de sanglier qui pue. On y est pas du tout.

Le bullet journal est un outil personnel qui vous permet de garder trace de l'intégralité de ce qu'il passe dans votre vie, de façon concise et rapide à entretenir. Son fonctionnement très simple vous font naturellement et automatiquement réviser vos choix, et vous font réfléchir à ce qui est réellement une priorité dans votre vie.

Notamment à l'aide de la question magique: "pourquoi ?" (parfois exclamée "Vin dieu, c'est quoi ça ??!" dans certaines provinces obscures de France).

Et j'insisterai sur ses qualités: c'est rapide, efficace, salvateur. Ça se prend en main facilement et la pratique vous prendra cinq à dix minutes par jour. Ça peut être commencé avec un vieux crayon de bois et un carnet à quatre balles, ou un outil numérique gratuit. C'est ce qui a fait tout le succès de la méthode et qui explique pourquoi elle tient aussi bien dans le temps.

Je vais essayer de résumer avec mes propres termes en quoi consiste le bullet journaling, comment le mettre en place, et pourquoi il fonctionne si bien. J'ajouterai également mes remarques et autres modifications personnelles adaptées au développement de jeu après un an d'utilisation.

En bref, un aperçu qui peut vous permettre de vous lancer et de voir si la bête est faite pour vous.

 

La méthode

Le bullet journal original (aussi raccourci Bujo) trouve sa place sur le papier d'un bon vieux carnet de notes A5, mais rien ne vous empêche de le mettre en œuvre sur un outil numérique tant qu'il permet de manipuler des "pages" individuelles (Notion et Obsidian sont les deux plus pertinents qui me viennent en tête).

Je reviendrai juste après sur les avantages et les inconvénients de chaque support. Pour simplifier l'explication, je vais assumer que nous sommes ici dans un carnet relié.

Chaque page n'a besoin que d'un titre et d'un numéro à son pied pour être mise en place. Votre journal est composé de quatre blocs indépendants (aussi appelés collections):

  • les notes quotidiennes (daily log)
  • les notes mensuelles (monthly log)
  • les notes futures (future log)
  • l'index

 

Les notes quotidiennes (daily log)

Le cœur de la pratique. Les notes quotidiennes consistent à enregistrer de façon très succincte tout ce que vous avez à faire ou tout ce qui vous arrive sur la tronche au cours de la journée.

Pour préparer une page de daily log, il suffit de noter la date du jour. On peut enchaîner plusieurs logs sur une page s'ils sont courts, tant que leurs dates sont bien annotées.

Pour que la technique reste viable à utiliser quotidiennement, il n'est pas question de formuler des phrases à rallonge. On utilise des petits points (bullets en anglais) pour lister les tâches, les évènements ou les notes qui nous passent par la tête. Il y a trois types de points qui constitueront la vaste majorité de vos entrées:

  • les trucs que vous devez faire (tâches)
  • les trucs que vous avez fait ou ressenti (évènements)
  • les informations que vous ne voulez pas oublier (notes)


Le symbole de base pour les tâches est un simple point. Il a l'avantage de se transformer en tout un tas d'autres icônes une fois traité.



Les variations du symbole de tâche qui vont servir à "traiter" chaque point quand on les passe en revue.

 

Pour noter un évènement qui vous est arrivé, c'est un disque. Une réunion, un repas, une collision avec labrador.

Et enfin, extrêmement utile, les notes qui permettent de garder trace de vos pensées ou de faits à venir sont simplement précédés d'un tiret. 

 

Un exemple basique de notes quotidiennes.

 

Et c'est tout. Vous pouvez, à l'usage, décider d'autres symboles pour mettre en évidence des entrées (selon leur type, leur priorité), mais ne compliquez pas trop les choses pour garder vos lignes faciles à relire.

L'avantage de cette notation très sobre est que vous n'avez plus aucune excuse pour ne pas préparer votre journée, ni garder trace de ses faits importants. Cela peut-être un rendez-vous à venir, une pensée, une référence de peinture - peut importe si cela s'avère finalement important ou inutile. C'est noté.

Dans l'idéal, vous allez préparer cette page la veille au soir ou dès le matin selon vos habitudes pour bien anticiper votre journée - et y revenir le soir pour envoyer si besoin les informations vers les notes mensuelles ou futures, ainsi que pour réfléchir à ce que vous avez accompli (ou pas).

Les notes quotidiennes peuvent avoir n'importe quelle taille. Certaines journées se résumeront à un quart de page quand d'autres auront besoin de beaucoup plus de place (je vous conseille de ne jamais préparer plusieurs jours à l'avance, c'est si rapide à mettre en place que c'est de toute façon superflu).

Personnellement, j'aime les compléter avec des entrées de journal plus classiques entre mes tâches. Je reviendrai juste après sur mes adaptations personnelles !

 

Les notes mensuelles (monthly log)

Suivre ses journées c'est bien, mais il faut souvent voir un peu plus loin que le prochain lever de soleil. La page mensuelle vous permet d'avoir en un coup d’œil tout ce qui vous préoccupe à court et moyen terme.

Pour créer le journal du mois, réservez deux pages qui se font face et notez le mois concerné en guise de titre.

La page de gauche est réservée à la liste de tous les jours du mois, si possible annotés de leur correspondance dans la semaine (L pour lundi...). Elle permet simplement de marquer les évènements marquants qui ont lieu comme les rendez-vous ou les réussites. 

On l'utilise plutôt a posteriori en y inscrivant ce qui a eu lieu, et non ce qui est prévu - mais dans mon propre journal, je trouve que c'est la page dont l'utilité est la plus discutable. Elle permet au moins d'avoir un coup d’œil instantané, par ordre chronologique, du déroulé du mois (l'autre page du monthly log n'a au contraire rien d'ordonné).

La page de droite utilise le même système de notation que pour les notes quotidiennes - mais cette fois, elle recense TOUT ce que vous avez à faire dans le mois. Elle comporte donc souvent une majorité de tâches et d'évènements, même si quelques notes peuvent s'y glisser.

Il va sans dire que cette liste de tâches peut s'étendre si jamais votre mois est particulièrement chargé. Dans ce cas là, vous pouvez prévoir une ou deux pages supplémentaires à garder vierges pour garder le tout en un bloc.


Un exemple très sobre de notes mensuelles qui viennent d'être fraichement posées. Je ne fais pas trop dans les fioritures quand il s'agit de m'organiser.


Lorsque vous construisez votre premier log mensuel, il s'agit d'un inventaire de vos préoccupations actuelles. Mais dès le second mois, il deviendra un outil qui vous permet de suivre vos progrès et de remettre en cause toutes les responsabilités que vous vous donnez (dans le bon sens du terme !).

Ces deux pages sont peut-être les plus riches de sens dans un journal. Elles mettent un trait d'union bienvenu entre le quotidien et vos objectifs à long terme. On les prépare à la toute fin du mois en cours.

 

Les notes futures

Ce sont simplement les tâches qui sont encore trop lointaines pour votre liste mensuelle ! Vous pouvez y allouer une ou deux pages, selon la densité d'évènements qui se produisent dans votre vie (je n'utilise qu'une seule page car mon quotidien est aussi varié et inattendu que celui d'une huître - fort heureusement).

Le titre de la page sera simplement "Notes futur", "Futur" ou encore "c l1 bordel". Séparez la ou les page(s) en douze portions, et nommez chaque encart avec un mois de l'année.

Remplissez chaque mois avec les évènements qui doivent s'y produire, et voilà ! Le tour est joué. Quand il sera temps de préparer les pages du prochain mois, vous viendrez jeter un œil à ces notes pour être certain de ne rien rater dans les semaines à venir.


 
Un calendrier long-terme avec le charisme d'un ponton en bois pourri. Mais plus jamais je ne rate d'anniversaires ou de déclaration d’impôts, et ça c'est appréciable.


L'index

L'index est une page purement utilitaire mais ô combien indispensable à la version papier du bullet journal. On le place généralement au tout début du carnet, mais rien ne vous empêche de le mettre à sa fin (gardez le facilement accessible puisque c'est lui qui vous permet de chercher les autres pages).

Gardez de deux à quatre pages vierges en début de carnet. Titrez-les d'un fabuleux "Index", et c'est tout.

Puisque toutes les pages restantes de votre cahier seront paginées, le but est ici de marquer la localisation des autres blocs et "collections" uniques qu'elles contiennent.

Si une collection est fragmentée dans votre carnet, pas de problème. Notez simplement à la suite les pages où elle se disperse.

Par exemple:

    - Notes futures - 8-10
    - Notes mensuelles octobre 2025 - 11-12
    - Liste de Noël 2025 - 13
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Les notes quotidiennes ne sont pas indexées pour ne pas rendre ce sommaire trop lourd. Quand vous aurez besoin de parcourir votre journal pour retrouver des pages particulières, votre index s'en souviendra pour vous.


Mettre son journal en route

 

L'inventaire mental

Ok super. Vous êtes peut-être déjà séduit par la simplicité des blocs, mais maintenant, la question est, "qu'est-ce que je met dans chaque collection ?".

La tâche peut sembler un peu intimidante lorsque l'on démarre pour la première fois. Le plus long sera en réalité de faire l'inventaire de tout ce qui a cours dans votre vie, et de tout ce qui vous préoccupe.

L'auteur donne une très bonne stratégie en vous conseillant de prendre une feuille de papier (ou votre bloc-notes virtuel favori) et d'y placer trois colonnes.

  • Une colonne pour tout ce sur quoi vous êtes en train de travailler/faire en ce moment.
  • Une colonne pour tout ce sur quoi vous devriez travailler (vous n'en avez pas hyper envie, mais cela ferait de vous une personnage sérieuse et responsable et vous ferait avancer dans la vie).
  • Une colonne pour tout ce sur quoi vous voudriez travailler (les trucs cools qui vous motivent et que vous feriez si vous étiez retraité si l'argent et le temps n'étaient plus un problème pour vous).


Notez que j'utilise le terme "travailler", mais cela vaut aussi pour les activités du domaine personnel comme "trier l'armoire de la chambre d'amis" ou "inscrire mon hamster à l'exposition agricole de Roubaix".

Faites un inventaire mental honnête, exhaustif et exprimez chaque sujet de manière très brève. Ne soyez pas distrait et ne laissez rien passer. IL FAUT VIDER LE SAC MÉTAPHORIQUE.




Le genre de liste avec laquelle vous pouvez vous retrouver. Elle est souvent beaucoup plus longue quand on fait l’exercice pour la première fois.

  

Une fois la récolte terminée, vous passerez en revue chaque point un à un, et jugerez de son sort. Demandez vous:

  • Est-ce que c'est important, est-ce que ça compte (pour vous ou pour un proche) ?
  • Est-ce que c'est nécessaire (dans le sens où vous vous retrouvez à la rue ou avec des dents en moins si cela n'est jamais accompli) ?


Si la réponse à ces deux interrogations est négative, rayez l'objet. D'une façon ou d'une autre, il n'a pas lieu d'exister dans votre vie, puisqu'il n'est ni utile, ni plaisant. 

Ne faites pas de compromis juste parce que c'est une activité de longue date (dommage, dix années de trompette et ça ne me plait plus), ou que ça fait vaguement plaisir à votre grande tante au troisième degré. Plus vous épurez votre quotidien, plus il sera facile de vous concentrer sur ce qui vous passionne vraiment. Si vous ne décidez pas de ce qui est important, la vie (et surtout les autres) le feront pour vous.

Comme le précise l'auteur, vous devriez avoir, à la fin de cet exercice, deux types d'aspirations: celles que vous devez faire, et celles que vous souhaitez faire.

À noter que la méthode GTD vous demande le même exercice initial. C'est un moment qui peut au choix être libérateur, inspirant, un peu démoralisant ou ou révélateur. Ne vous fustigez surtout pas pour une situation actuelle qui vous ne plait pas ; vous êtes en train de progresser dans la bonne direction pour y remédier.
 

Ériger les premiers blocs

Armé de votre carnet encore immaculé, vous pouvez d'ores et déjà inscrire les premiers blocs qui vont démarrer votre bullet journal.

  1. Placez votre index en réservant les pages 1-4 et en inscrivant le titre "Index" (personnellement, deux pages suffisent, mais réservez en quatre pour votre premier). 
  2. Réservez ensuite les deux pages suivantes pour vos notes à long-terme (5-8). Divisez le tout en 12 cellules pour chacun des mois de l'année. Vous pouvez ajouter la ligne "Notes long-terme - 5-8" à votre index.
  3. Utilisez les deux pages suivantes pour votre tout premier journal mensuel. Titrez avec le mois en cours et numérotez les pieds de page (9-10). Remplissez la page de gauche avec la liste des jours du mois, et celle de droite avec toutes les tâches et les évènements qui les concernent. Ajoutez ces pages toutes fraîches à votre index ("Octobre 2025 - 9-10").
  4. La page suivante peut démarrer votre premier journal quotidien ! Donnez lui son titre à la date du jour, numérotez la page 11, et voilà. Pas besoin d'indexer les notes quotidiennes. Vous pouvez déjà y coucher vos tâches et vos activités du jour (sinon, effectuer l'étape 5 en premier).
  5. Utilisez votre inventaire mental pour peupler les trois blocs futur, mensuel et quotidien de votre nouveau journal. Tout ce qui ne rentre pas encore dans le mois en cours va dans les pages long-terme (5-8). Le reste, dans les pages du mois (9-10).


L’exercice doit normalement avoir remis au premier plan tout ce que contenait votre esprit. C'est un instantané de la vie, qui procure immédiatement comme une sensation de soulagement car ces informations n'ont plus besoin de flotter dans votre tête (elles sont couchées en sécurité sur papier), et les observer attentivement vous aura peut-être déjà donné des idées et la motivation de les solutionner (la clé étant toujours d'identifier quelle est l'étape suivante et actionnable qui vous rapproche de votre but).

Un état des lieux c'est très bien. Mais comment on s'assure que le tout ne soit pas devenu obsolète en moins de quinze jours ? C'est là qu'interviennent les routines d'entretien du journal.
 

Et si vous utilisez un outil numérique...

La tâche est encore plus simple puisqu'il suffit de créer un dossier pour chaque collection, puis de les peupler de notes.

Libre à vous d'utiliser des plug-ins pour générer des listes de jours du mois ou des tableaux. Mais gardez à l'esprit que cela doit faciliter vos prises de notes. Si vous passez trop de temps à vous battre avec le paramétrage ou le contrôle des add-ons, cela va ajouter de la friction à vos revues de pages et risque de vous desservir très rapidement.

L'index peut alors devenir une collection superflue, selon la façon dont vous réutilisez votre bullet journal virtuel. Vous n'aurez jamais de mal à retrouver vos pages quotidiennes et mensuelles. La question peut se poser si vous créez de nombreuses collections personnalisées, mais là encore, à moins d'en avoir 120 différentes, vous ne devriez jamais être perdu.


Voilà probablement comment serait organisé mon journal sur Obsidian si je devais le rendre numérique. La manipulation des notes est extrêmement légère et vous pouvez vous amuser à les relier entre elles si cela vous est utile. Notion est aussi un bon choix et je vous conseille d'y jeter un œil si vous ne connaissez ni l'un ni l'autre.


La pratique

Une fois la (modeste) machine lancée, votre mission est de suivre le cours de votre vie et d'effectuer des petites revues de votre journal à des intervalles précis pour le garder pertinent et qu'il puisse continuer à vous servir.

Ces intervalles vont être les suivants:

  • la prise de notes continuelles (au cours de la journée, dès que vous en avez besoin)
  • la revue quotidienne (matin, soir, ou les deux)
  • la revue mensuelle
  • la revue annuelle


- optionnel : n'importe quelle autre collection qui vous permet d'apprécier, d'explorer ou résoudre un problème dans votre vie
- bonus personnel : le journaling interstitiel (oh la tronche du nom)

Note: l'auteur parle de migrations et non de revues. Le terme est tout à fait adapté puisque les objets de chaque liste vont progressivement être accomplis, migrés vers d'autres pages, ou annihilés dans le gouffre abyssal du néant existentiel. Pour votre plus grand plaisir.

 

Les trois niveaux de revue principaux d'un bullet journal. La revue annuelle est la plus dispensable / sujette à variations selon vos besoins. Les temps requis peuvent être plus courts ou plus longs selon vos habitudes, mais ce sont ici des indications moyennes.


La prise de note quotidienne

Détaillée un peu plus tôt, elle consiste simplement à enregistrer tout ce dont vous avez besoin de vous souvenir dans la journée avec la syntaxe des bullet points. Des tâches qui surgissent, des informations à ne pas oublier. Des super idées. 

Ne vous inquiétez pas tout de suite de savoir si ça va vraiment être utile, vous ferez le tri à la revue quotidienne et il vaut mieux ne rien laisser passer.


La revue quotidienne

Généralement effectuée le soir en quelques minutes. Il s'agit de regarder vos notes de la journée et de déterminer leur sort. Passez chaque ligne en revue, songez à l'utilisation de votre temps et à vos priorités. Elles doivent toutes subir l'un des destins suivants:

  • Une tâche accomplie est marquée d'une croix. Vous avez fait ce que vous aviez prévu de faire. Incroyable du cul. Savourez votre victoire.
  • Une tâche n'est plus d'actualité (elle a été annulée par un coup du sort, ou bien vous vous rendez compte qu'elle est devenue totalement superflue). C'est aussi une victoire. Une tâche inutile économisée est précieuse. Cela vous sauve des efforts et vous permet de réaliser ce qui compte vraiment dans votre vie. Vous pouvez la rayer de votre trait le plus gras.
  • Une tâche n'a pas été faite, ou bien elle doit être faite plus tard dans le même mois. Dans ce cas, notez-la d'un signe > pour indiquer qu'elle est reportée (forwarded) à plus tard. Si elle n'y est pas déjà, transposez-la dans vos notes mensuelles pour lui donner une place douillette en attendant que vous puissiez l'accomplir dans les prochains jours, ou les prochaines semaines.
  • Une tâche n'a pas été faite ou elle vient d'apparaître, mais elle s'annonce pour dans looooongtemps. C'est pas pour le mois en cours en tout cas ! Dans cette situation, elle doit aller dans les notes futures. Déplacez là là-bas et mettez un petit symbole < sur le point de la tâche (programmed).
  • Pour les évènements qui se sont déroulés, vous pouvez les consigner dans le calendrier du mois en cours s'ils vous paraissent importants (un écureuil a mangé dans ma main, best day ever).
  • Les notes ont un destin variable. Certaines d'entre elles n'ont pas besoin d'être stockées ailleurs, car elles reflètent une information mineure ou un état d'esprit ponctuel. Mais si elles sont pertinentes à d'autres projets de votre vie, il va falloir les consigner dans une collection qui lui est dédiée. Pour reprendre l'exemple de la référence de peinture - si c'est dans le cadre des informations relatives à la rénovation de votre chambre, il suffit de créer une collection nommée "Rénovation chambre - novembre 2025". Et d'y noter tout ce qui a trait. N'oubliez pas de l'ajouter à votre index !


Un exemple de tâches quotidiennes migrées en fin de journée. C'est définitivement un exemple fictif car pour le coup, je ne rate JAMAIS mes séances de développement de Lampyre.

 

Une fois vos notes de la journée passées en revue, et votre page du jour close, vous pouvez profiter d'avoir vos idées en tête pour préparer le log de la journée suivante. Titrez-le, et placez les tâches et les évènements qui s'annoncent.


Vous pouvez tout faire le soir, ou si vous êtes du matin, prendre quelques minutes le lendemain avec votre café pour organiser votre journée.

 


Le destin quotidien de vos notes prises au cours de la journée. Notez que si quelque chose est reporté à la journée qui suit, vous pouvez bien évident immédiatement le recopier dans le programme du lendemain.


 

La revue mensuelle

Je vous ai dit que les notes mensuelles étaient sans doute les plus riches de sens dans un bullet journal. La revue mensuelle l'est tout autant. Il s'agit du moment où le mois s'achève, et que vous allez préparer les pages des semaines suivantes.

Tout l’intérêt du bullet journal est catalysé par le fait de réécrire votre liste de tâches mensuelle. C'est LA différence avec la méthode GTD. De prime abord, cela peut ressembler à une perte de temps. Mais je vous garantis que c'est ce qui fait durer la méthode dans le temps.

Donc, tout comme au moment de démarrer votre journal, vous allez réserver deux nouvelles pages. Titrer avec le nom du mois qui s'annonce. Lister chacun de ses jours sur la page de gauche, tout numéroter, et renseigner votre index.

Et là, vous allez passer en revue chaque point du mois qui s'achève. De l'exacte même façon que pour les notes quotidiennes, il faut déterminer si la tâche a été accomplie, si elle doit être reportée au mois suivant, à une période antérieure.

Et surtout, identifier si elle est toujours pertinente.

Parfois, on s'ajoute des choses à faire dans un élan d'optimisme. Ou bien on pense que c'est important, mais ça ne l'est pas. Vu que vous êtes forcé de le réécrire chaque mois, si une tâche passe continuellement à la trappe, c'est qu'il y a des chances qu'en réalité, elle n'a rien à faire dans votre vie.

Tant pis. Laissez-la partir. Ou, au contraire, rendez-vous compte que votre organisation actuelle ne vous permet pas de l'accomplir, et faites-y quelque chose.

Il y a six mois, j'essayais quotidiennement de forcer 1h30 de développement aux côtés de 1h d'écriture et 30 minutes de piano. Quand j'ai vu que le piano n'arrivait pas à tenir, je l'ai laissé sur le côté. Ce n'est pas grave, j'y reviendrai. Je trouvais ça chouette mais pour le moment, il y a plus important.
Le supprimer de ma liste de tâches me permet de faire la paix avec ce choix. Je n'ai plus de pensées continuelles qui me narguent dans la journée d'un "Hé ! Hé !! Il faudra allumer le piano, tu te souviens ? Tu le fais quand ? Tu disais que tu le ferais. C'est pas super sérieux dis donc. Hé !!".

Bref, à condition d'être honnête avec soi, c'est au bout de deux-trois migrations mensuelles qu'on apprécie complètement les bénéfices du bullet journal ! Et c'est un soulagement appréciable que de pouvoir avoir une vue d'ensemble et de réfléchir activement à ce qui est important dans votre vie, et ce qui ne l'est pas.

N'oubliez pas de regarder vos notes futures pour vérifier si le mois suivant ne vous réserve pas des surprises.

 

La revue mensuelle ressemble beaucoup à la quotidienne par certains aspects. C'est ce qui fait l'efficacité du journal: les places de stockage sont peu nombreuses et vous savez exactement où regarder quand vous en avez besoin.


La revue annuelle

La revue annuelle est préconisée par l'auteur mais je trouve que c'est la plus dispensable, ou du moins adaptable de toutes ces revues.

Il s'agit d'un exercice réalisé une, voire deux fois par an. Elle ne consiste pas vraiment à remplir de nouvelles pages, mais à la place, de revisiter les mois passés aux travers de vos notes, et de réfléchir, sans jugement sévère, à la direction qu'a pris votre vie. Il s'agit logiquement d'un examen à une échelle "supérieure" de la revue mensuelle.

Vous pouvez vous poser des questions du type:

  • Qu'est-ce que je souhaitais accomplir il y a six mois ?
  • Où j'en suis actuellement, par rapport à ce que j'imaginais faire ?
  • Qu'est-ce qui a marché, et surtout, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?
  • Est-ce que mes priorités sont toujours bonnes ? Est-ce que je m'y prends de la bonne façon ?
  • Quelle sera ma progression dans quelques mois ? Dans un an ?


Si vous avez besoin de prendre des notes, vous pouvez bien évidemment créer une petite collection nommée "Revue annuelle novembre 2025" ou quelque chose du genre. 

Après une période conséquente à utiliser le bullet journal et maintenant le Zettelkasten sur Obsidian, je commence personnellement à me poser ces questions de façon continue et naturelle. Rassurez vous, ce n'est pas du tout angoissant. Au contraire. C'est un moyen automatique de se demander "Pourquoi je fais ça ?" quand vous allumez l'ordinateur, quand vous voulez vous lancer dans un projet ou accepter un rendez-vous. 

"Pourquoi je remplis cette partie de mon Obsidian de cette façon, ça va vraiment me servir pour le récit ? Non, je vais plutôt m'orienter sur la rédaction directe." Paf, trois heures de remplissage inutile et ma motivation sauvés.

"Pourquoi j'ouvre la page Twitch par réflexe, c'est pour apprécier un stream que j'aime bien ? Nan, je clique sur l'adresse par automatisme. Je vais plutôt faire autre chose." Pif, concentrée préservée.

"Est-ce que je devrais tout de suite commander ce livre, il a l'air trop bien ?! Attends, les critiques ne sont pas unanimes, et il est pas donné. Je vais déjà mettre en œuvre les ressources en ligne avant de faire un achat compulsif, ça m'a déjà épargné beaucoup de sous par le passé." Pouf, vingt euros économisés.

En bref, vous commencez à défendre ardemment votre temps et la façon dont vous l'utilisez. Et vous êtes aussi plus patient et plus ouvert avec les autres, car vous savez quelles sont vos responsabilités et vous êtes en contrôle de votre quotidien (il vous arrive toujours des surprises daubées, hein, ne rêvez pas - mais au moins vous savez mieux les gérer).

Les collections personnalisées

Une fois les blocs fonctionnels de base bien établis dans votre journal, vous pouvez librement y ajouter des pages à propos de tout et n'importe quoi (tant qu'elles vous sont utiles). Ajoutez un titre, paginez, remplissez l'index, et voilà ! Le carnet peut tout accueillir, du suivi d'une habitude, à des listes de courses, des esquisses, des poèmes, des lettres.

C'est particulièrement utile dès qu'une tâche ou un projet "s'étend" en une toile qui ne peut pas être détaillée sur vos notes mensuelles.
 

Bonus: le journaling interstitiel

Ce point n'est pas du tout inclus dans la méthode originale. C'est un ajout personnel que je trouve particulièrement utile dans le cadre des notes quotidiennes.

Grossièrement, il s'agit simplement, en plus des notes classiques, d'ajouter ces entrées à mon journal:

  • quelques lignes de journal "classique" au début ou à la fin de journée
  • des observations très succinctes entre les différentes tâches de ma journée


Les entrées rédigées le soir sont très similaires à un journal intime traditionnel. Je l'utilise avant tout pour noter ma motivation et l'efficacité de mon travail sur mon projet de cœur, Lampyre. 

Mais cela peut aussi servir à coucher sur le papier le descriptif de relations, des évènements professionnels, des craintes, des rêves. Bref, c'est très personnel et ça permet d'extérioriser ses sentiments et d'avoir un point de vue extérieur à sa situation (tmtc, c'est quand même une vieille pratique).

Les entrées que j'appelle "interstitielles" sont en fait quelques lignes rédigées à la fin d'une tâche, et avant la suivante. Elles permettent si besoin, de noter comment on s'est débrouillé, ce qui fonctionnait bien (ou pas), et de se préparer à la suite.

Je n'ai pas d'explication plus complexe à donner et l'idée a l'air aussi utile qu'un pet de blaireau dans une prairie venteuse. Mais prendre une à deux minutes pour écrire son ressenti m'a permis d'identifier des facteurs de productivité insoupçonnés et des habitudes qui mettaient des bâtons dans mes propres roues (comme ouvrir un stream même pendant deux minutes le matin, ou que travailler sur papier le soir était toujours une mauvaise idée).

Ce n'est pas systématique - pas besoin d'écrire quelque chose si rien d'utile ne vous vient. Mais prendre vingt secondes pour réfléchir à ce qu'on fait limite le risque de tomber dans ses automatismes et améliore l'humeur au long terme.


Papier ou pixels ?

La réponse courte est: peu importe, tant que ça vous va.

La réponse longue, c'est que dans le cas du bullet journal, je pencherai plutôt pour le papier.

Un support physique vous permet d'emporter votre journal partout, sans batterie nécessaire. Le soir dans le lit. Le matin sur le comptoir de la cuisine. Dans un parc. En vacances. Avec vos enfants et votre chat dans les pattes (je sais que le verre de jus d'orange renversé sur un journal c'est pas super mais c'est toujours moins grave que sur un clavier). 

La calligraphie a été étudiée par une foultitude de scientifiques, et l'action lente de devoir former des lettres avec vos gros doigts a été prouvée maintes et maintes fois être plus stimulante que de taper sur un clavier. Cela vous laisse plus de temps pour y réfléchir et pour l'absorber.

Le papier a un charme et une simplicité éternelle qui s'accorde très bien avec le bullet journaling. Je vous rappelle que même si la méthode ne prend que dix minutes par jour à tout casser, son but assumé est de ralentir votre réflexion. Vous allez plus lentement pour mieux rediriger vos efforts, et ultimement les décupler.

 

Slow is smooth. Smooth is fast. (Aller lentement, c'est être plus fluide. Être plus fluide, c'est être plus rapide.)
- Greg McKeown, Effortless

 

CEPENDAAAAAAAANT

 

LA faiblesse d'un carnet en notre époque, c'est l'absence des fonctions de tri et de recherche faramineuses qu'offrent les outils numériques. Un dossier "Notes mensuelles" vous offre toutes vos pages en deux clics. Une page de suivi d'habitude automatisée peut extraire les données en des schémas visuels pertinents.

J'ai envie de vous dire qu'une version numérique du bullet journal vous servira mieux si vous êtes un éternel technophile, et si vous construisez des collections personnelles qui auront besoin d'être facilement navigable ou modifiables à tout instant.

Avant de démarrer mes journaux, j'utilisais Notepad++ pour ma liste de priorités - pour la raison précise qu'en trois pressions de touche de clavier, je peux supprimer une ligne, en rajouter une autre et l'indenter pour la ranger proprement sous le projet adéquat. C'est extrêmement rapide, propre et évolutif.

Sur papier, si la ligne du dessous est prise, je suis cuite. Si une liste de quarante éléments doit être modifiée trois fois par jour au fil des mois, je suis très cuite (coucou la liste de fonctionnalités à programmer et à tester unitairement dans Lampyre).

Pour avoir passé des années à écrire mes fictions dans des carnets et à les corriger dans les marges ou dans les espaces entre les lignes, je sais de quoi je parle.

C'est pour cela que je cantonne l'utilisation du papier à deux seules usages:

  • Mon bullet journal (qui chez moi, ne contient que les quatre blocs de base, mes entrées de journal et des listes très simples et très peu modifiées comme des idées de cadeaux).
  • Le brainstorming d'idées / de concepts abstraits (car j'ai le QI d'une moule zébrée et j'ai parfois du mal à réfléchir de cette façon en face d'un écran).


Défauts et pièges

Comme tout modèle d'organisation, le bullet journal doit s'adapter à vos besoins, et non l'inverse. Cela peut demander un peu d'expérimentation.

Certaines personnes vont totalement ignorer la revue annuelle ou créer leurs propres symboles de notation. D'autres vont créer des collections à rallonge ou décorer leurs pages comme des murs de musée d'art contemporain. C'est parfaitement ok. Et ce n'est pas parce que vous apercevez un journal totalement différent du votre que vous devez pensez que vous exécutez mal la méthode.

Au fil du temps, vous devriez mieux distinguer ce qui est inutile dans votre carnet et ce qu'il y manque. Le but n'est pas de créer une encyclopédie de votre vie. C'est avant tout un outil. Si les revues quotidiennes sont trop longues ou trop pénibles à compléter, c'est qu'il y a quelque chose à retirer ou à modifier dans votre pratique. Raccourcissez vos notes ou limitez vous à un aspect de votre quotidien qui est important.

Par exemple, je ne note absolument jamais rien sur mes relations avec les autres, car ce n'est ni un problème, ni un pan de mon existence qu'il m'intéresse de ruminer. Tous mes écrits ne concernent que mes projets créatifs. Pour d'autres, la vie sociale est centrale et il sera crucial de commenter ses échanges avec les autres.

Je trouve que la méthode est excellente dans l'organisation personnelle quotidienne, mais qu'elle faiblit si on veut l'appliquer à des projets étendus. L'humanité travaille depuis des centaines d'années avec des carnets papier tannés à l'urine et des plumes d'oie - je ne m'inquiète pas de savoir si on peut construire une cathédrale ou gérer un commerce sur ce support. 

Mais dans ces cas-là, vous aurez sans doute intérêt à créer un journal dédié à ce grand projet plutôt que d'éclater ses pages au milieu du carnet de vie personnelle. Les feuilles se remplissent vite et même avec l'index il peut devenir pénible de faire des allers-retours dans l'ouvrage (et de manquer de cette petite fonction recherche bien pratique sur ordinateur).
 

Pour quels activités je n'utilise PAS le bullet journal

C'est précisément pour ces raisons sus-citées que je réserve cette méthode à la gestion de mes responsabilités et à la prise de note rapide.

Elle n'est absolument pas adaptée à ces autres tâches centrales à ma vie:

  • l'organisation temporelle de mes journées, que je visualise par blocs dans le calendrier Notion
  • le game design de Lampyre dont les informations et les systèmes sont cartographiés sur un tableau Miro géant
  • le log de développement de Lampyre et ses tests unitaires qui existe sous Notepad++ (et qui sera peut-être migré sous Obsidian, mais fonctionnellement, c'est juste une liste à indentation où on peut cocher une tâche comme accomplie)
  • la rédaction de mon livre ou des articles de blog - j'ai beaucoup utilisé le papier par le passé, mais j'arrive si bien à me concentrer sur écran pour rédiger que je ne constate plus de différence de qualité entre les textes, et je profite du numérique pour les modifier et les corriger plus rapidement
  • le stockage des informations relatives à l'univers de Lampyre que j'organise maintenant sous Obsidian avec la méthode Zettelkasten, et qui m'aide énormément à utiliser et associer mes idées


Un calendrier Notion avec des blocs repositionnables. Un autre pinacle technologique au secours de mon quotidien. C'est faisable sur papier. Simplement un petit peu plus pénible peu de bénéfices.


Bon courage pour reproduire la complexité d'un Zettelkasten avec du papier. Il suffit de voir la tronche du bureau de Niklas Luhmann sur cette vidéo pour s'en rendre compte (le créateur original de la méthode).


Conclusion

C'était une introduction condensée et baveuse à la méthode du bullet journal ! Si vous la connaissiez, vous n'aurez pas appris grand chose. Mais si elle vous était inconnue, ou mieux encore, si vous n'utilisez encore aucune méthode d'organisation particulière, peut-être que ce billet aura piqué votre curiosité et vous aura donné envie d'essayer.

Il existe une myriade de ressources francophones et anglophones en ligne pour compléter mes dires et voir les dingueries que font certains avec leurs journaux. Dans tous les cas, si vous décidez d'essayer, j'espère que cela vous aidera à faciliter votre quotidien et à mieux définir vos objectifs, comme ça a été le cas pour moi.

Prenez soin de vous !

 

Dessin original d'Anouck Ricard, béni soit son nom anisé.

 

F.A.Q.

 

  • Je n'ai aucun talent artistique et/ou j'écris très mal.

Aucune importance. Certains décorent leur carnet avec des stickers, des calligraphies, des dessins, des mosaïques. Mon propre journal est aussi sobre qu'une tombe, car c'est un outil qui ne sert qu'à me propulser sur mes tâches importantes.

Si embellir votre journal vous fait plaisir, grand bien vous en fasse. Mais à partir du moment où il contient vos tâches et vous permet de réfléchir à votre quotidien, il a rempli sa mission. Même s'il est moche ou pourri de ratures. Et ça, c'est cool de sa part.

  • Est-ce qu'on peut utiliser la technique pour des projets d'étude ou professionnels ?

Complètement ! En créant les collections personnalisées adéquates et en utilisant un index correctement mis à jour, il peut organiser votre vie professionnelle ou vos notes d'étude. Les listes mensuelles et quotidiennes, si vous les utilisez, seront du coup exclusives au sujet que vous souhaitez traiter.

À noter qu'utiliser un carnet séparé de votre version personnelle peut même être particulièrement pertinent pour éviter de trop fragmenter vos notes de travail (j'ai moi-même un carnet dédié au développement de Lampyre pour faire des schémas de programmation bien pratiques et jeter des idées additionnelles sans être devant le PC).

  • Je ne sais pas quoi écrire.

Les listes de tâches et les priorités ne devraient pas vous poser de problème. Il s'agit littéralement de tout ce que vous devez faire dans la vie, ou tout ce que vous auriez envie de faire. Utilisez des mots-clés courts et concis.

En ce qui concerne les notes quotidiennes, si en réfléchissant à votre journée, rien ne vous vient, ce n'est pas grave. Pas besoin d'être un littéraire romantique ou d'en faire des tonnes. Essayez de remarquer ce que vous avez tendance à oublier, ou ce qui pourrait servir à vos objectifs actuels (perdre du poids, ne pas travailler trop tard, arrêter un comportement compulsif). 

Il vaut mieux dans un premier temps noter "trop" de choses et les épurer au fur et à mesure si vous vous apercevez qu'elles sont inutiles (ce qui m'est personnellement beaucoup arrivé).

  • J'écris tout le temps la même chose.

Alors ça c'est un cas intéressant. Si en notant votre productivité ou votre ressenti, vos notes quotidiennes commencent à avoir toutes la même tête, c'est qu'elles sont peut-être superflues - ou bien, il faut poser votre regard ailleurs.

C'est comme ça que je me suis aperçu que dans mon cas, c'était parfaitement inutile de noter "comment je me sens ce matin hihi" ou "qu'est-ce que je ressens envers les autres". Le mettre sur papier ne m'apporte absolument rien et chaque journée s'est avérée identique.
Cela m'a permis de réaliser que noter mes facteurs de productivité était beaucoup plus varié et intéressant.

  • J'ai vraiment besoin de TOUT noter chaque jour ?

Vos tâches et vos évènements doivent rester à jour. C'est pour cela qu'on les note aussi succinctement.

La revue quotidienne doit rester aussi courte qu'il le faut pour qu'elle tienne dans la durée. Si besoin, ne notez que l'essentiel, et essayez de remarquer au fil du temps ce qui vous êtes utile à la relecture. Le reste pourra cesser d'être noté.

  • Je n'arrive pas à tenir le journal sur la durée.

Raccourcissez la durée de votre revue quotidienne. N'en faites qu'une par jour et tenez vous à l'essentiel. Assurez vous d'être honnête et concentré pendant la revue mensuelle. Si vous recopiez mécaniquement toute votre liste sans vous demander si c'est important, le bullet journal perd toute son utilité.

  • Je n'ai pas envie que quelqu'un lise ce que j'écris !

Un journal est personnel. Si vous ne vivez pas seul, gardez le simplement à l'écart ou sous verrou en expliquant aux curieux que ça vous aide à être fonctionnel et qu'ils ferait mieux de s'occuper de leur cul (si c'est votre enfant il va peut-être falloir adapter ma phrase).

Et si vous avez peur de perdre votre carnet dans un lieu public, notez vos informations de contact en couverture avec un petit mot sympathique qui encouragerait un inconnu à vous le rapporter. C'est un objet qui n'a aucune valeur pour quelqu'un d'autre que vous et si l'humain qui le ramasse est un minimum empathique, il y a de bonnes chances qu'on vous contacte.

  • J'ai très envie que quelqu'un lise ce que j'écris...

Il y a des témoignages de gens qui ont adopté le bullet journal en même temps ! Ça peut être votre conjoint, votre ami, un proche, des membres de club. C'est particulièrement utile pour se coordonner au niveau emploi du temps et se réserver du temps ensemble.

Si quelqu'un partage les même buts que vous (productivité, perte de poids, apprentissage d'une langue...) ça peut être un super prétexte pour partager l'expérience et apprendre un peu plus.

Et bien sûr, internet existe. Il y a de nombreuses communautés en ligne où vous pouvez poser des questions et partager votre journal (et je ne donnerai aucun lien car pour ma part, je me fous royalement de ce que font les autres avec leurs carnets).

  • Est-ce que tu recommandes le livre officiel ?

Le livre original de la méthode regroupe tous les détails et les précisions étendues sur le bullet journaling que je n'aurais jamais le temps de réécrire ici sans le plagier. Il présente aussi plus profondément les raisons d'avoir un journal papier, et pourquoi cela fonctionne (à noter que je parle de la version anglophone, pas d'une édition traduite).

Il reste concis et agréable à lire, même si toutes ses parties ne sont pas égales. Si vous êtes amateur de bonnes lectures en développement personnel et/ou que la méthode vous intéresse, plongez.

Comme précisé précédemment, il y a aussi énormément de ressources en ligne qui se sont accumulées au fil du temps. Si vous hésitez, fouillez un peu. Elles suffiront peut-être à satisfaire votre appétit d'informations avant d'acheter le livre.

  • Tu dis que l'esprit n'est pas fait pour contenir les informations, mais la mémoire c'est quand même une qualité intellectuelle plutôt puissante, non ?

Il me semblait important de revenir brièvement sur ce point, car je pense effectivement qu'avoir une bonne mémoire aide beaucoup à naviguer dans la vie (plutôt que de s'appuyer systématiquement sur la liste de contacts de votre carte SIM, Wikipédia ou Google à la moindre interrogation).

La mémoire contient vos expériences passées mais aussi une quantité impressionnante de faits, d'idées et d'informations arbitraires. Elle est le bouillon originel de votre esprit où peuvent s'effectuer des associations d'idées, des connexions entre les concepts. Avoir une mémoire fournie, cela fait de vous quelqu'un de chouette qui capable de critiquer, lire entre les lignes, proposer des choses innovantes, et conduire jusqu'au kiné sans GPS dès la seconde séance parce que vous ne vous appuyez plus sur Waze pour le moindre déplacement de 100 mètres de distance.

Le bullet journal est là pour retenir vos tâches ainsi que des informations dont la nature est plutôt transitoire dans votre vie (ou jusqu'à ce que vous les reteniez naturellement dans le cas des notes d'un étudiant en histoire par exemple). 

Ces tâches ne sont pas des concepts utiles à formuler des idées. Ce sont de grosses mouches bien grasses qui vont voler en bourdonnant dans votre esprit jusqu'à ce que vous les ayez résolues, et perturber la tranquillité de vos journées si vous les laissez vagabonder. Le bullet journal les met au repos. Il vous permet de les rassembler et de la mettre dans un bocal jusqu'à ce que vous soyez prêt à les sortir pour vous en occuper (+12 points pour la métaphore filée des mouches).

Tenir le journal ne va donc ni endommager votre mémoire, ni vous empêcher de la travailler au quotidien. En ralentissant le rythme et et faisant attention aux détails de vos journées, il y a même toutes les chances pour que vous vous souveniez mieux de chaque précieux jour qui passe.